NoMasterNoGod
par le 05/10/20
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j'aimerais ouvrir le débat (tranquille et apaisé) sur l'acronyme "BDSM" qui est généralement utilisé et qui serait les initiales de "Bondage Domination Sado-Masochisme".
Autant Bondage et Domination me convienne parfaitement, beaucoup moins pour Sado-Masochisme.
La suite logique serait de conserver l'acronyme, de modifier le sens des 2 dernières initiales (SM) en leur attribuant d'autres mots.
Pour étayer mon point de vue,:smirk: ci dessous qques extraits d'une page Wiki à ce sujet :
Deleuze voit dans le « retournement en son contraire » et le « retournement contre soi » un « transformisme » dans lequel les pulsions sexuelles sont susceptibles de passer les unes dans les autres. Il s’en étonne car Freud, dit-il, « a vis-à-vis du transformisme en général une attitude extrêmement réservée. »
Sigmund Freud représenterait toutefois une première pierre pour la pensée de Gilles Deleuze. Mais, aux yeux du philosophe, l'association par Freud des deux termes, sadique et masochiste, provoque un « monstre sémiologique » dans le sens où le sadique, celui qui fait souffrir dans l’œuvre de Sade, n'est pas une personne qui pourrait faire partie de l'univers mental du masochiste chez Leopold von Sacher-Masoch. En effet, le sadique (chez Sade) se complaît dans la souffrance de l'autre à condition qu'elle ne soit pas contractuelle « et en jouit d'autant plus que la victime n'est pas consentante », alors que le masochiste (de Leopold von Sacher-Masoch) aime à régler, dans des contrats, les modalités diverses de sa « soumission. » De ce fait, pour Deleuze, sadisme et masochisme sont deux univers différents et ne peuvent être de parfaits contraires, ni avoir une parfaite complémentarité. Le sadisme est un univers de crimes, de ce fait hors consentement ; le masochisme, l'univers du contrat où tout est accepté par le sujet qui éduque son bourreau. Là où le sadique cherche une « possession instituée », le masochiste veut établir une « alliance contractée. » Il précise qu'en cas de rencontre « chacun fuit ou périt».
Pour Deleuze, « À la base de la croyance en l’unité sado-masochiste, n’y a-t-il pas d’abord des équivoques et des facilités déplorables ? »
Jean-Paul Sartre évoque aussi le sadisme et le masochisme séparément. Il écrit que le masochiste, pour satisfaire sa pulsion, fait appel à une femme qu’il paye. Ou alors, il exploite l’amour des femmes, comme le faisait Leopold von Sacher-Masoch. Dans les deux cas la femme « s’éprouve » comme un objet sexuel. Ainsi Jean-Paul Sartre démontre que le masochiste ne s'adresse pas au sadique, mais qu'il éduque un bras armé pour tenir le rôle de dominant dans le monde masochiste.
« En particulier le masochiste qui paye une femme pour qu'elle le fouette, la traite en instrument et, de ce fait, se pose en transcendance par rapport à elle. Ainsi le masochiste finit par traiter l'autre en objet et par le transcender vers sa propre objectivité. On rappelle, par exemple, les tribulations de Leopold von Sacher-Masoch qui, pour se faire mépriser, insulter, réduire à une position humiliante, était contraint d'utiliser le grand amour que les femmes lui portaient, c'est-à-dire d'agir sur elles en tant qu'elles s'éprouvaient comme un objet pour lui… »
Quand Virginie Despentes parle de ses fantasmes de viol, elle est dans l’univers du fantasme masochiste, mais face au vrai viol qu’elle a subi elle dit qu’elle est face à la mort, victime non consentante dans l'univers du sadisme : plus de fantasme, mais la peur de la mort. Si dans le fantasme masochiste, la rêverie, comme le dit Krafft-Ebing, le sadique a sa place, il ne l’a pas dans le passage à l’acte avec le masochiste. Le masochiste cherche celui qui fait semblant et donc un bourreau sous contrat faisant intégralement partie de l’univers masochiste.
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Lahire
Bonjour. Merci de cet écrit. Il donne de vraie références, culturelles et raisonnées, je me sens en accord de pensée avec elles et elles éclairent de ce fait mon ressenti nourri souvent de malaise. je me sens soumis, je n'aime pas les sadiques, je n'aime rien qui pourrait me donner le sentiment d'une réification de mes partenaires, je ne suis donc pas masochiste non plus. D'ailleurs je n'aime pas la douleur en tant que telle, je ne la désire pas, il y a bien des pratiques qui m'attirent ou m'excitent plus que d'autres mais je ne peux qu'aimer ce que m'offre la personne qui me domine, et c'est cette personne que j'aime d'abord et que j'aime à travers ce qu'elle exige, ce qu'elle me donne ou ce dont elle me prive. L'attirance et l'admiration sont donc des préalables à l'établissement d'une relation dans laquelle les pratiques ne m'importent que si elles me sont dictées. Voilà j'ai bien trop parlé de moi, et je ne sais si ces propos intéresseront quiconque... peut-être s'ils ajoutent un éclairage à ce que vous avez si bien exposé, qui puisse permettre modestement de repenser ces catégories, BDSM, qui me semblent bien bizarres lol.
J'aime 07/10/20